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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 21:11

 

http://www.lalibre.be/economie/libre-entreprise/article/648168/eoliennes-une-occasion-ratee.html

 

Eoliennes : une occasion ratée

Mis en ligne le 13/03/2011

 

La Belgique a loupé une superbe opportunité de reconvertir son économie. Démonstration... Une opinion de Tanguy Detroz, Directeur de Dapesco S.A. à Louvain-la-Neuve.

Un retour de Francfort par l’autobahn a fini de me convaincre la Belgique a vraiment raté une belle occasion. Ou plutôt une superbe opportunité de reconvertir son économie. Surtout quand on voit les résultats affichés par les pays qui ont, eux, réalisé le potentiel réel que représentaient les énergies renouvelables et particulièrement les éoliennes. Je ne parlerai pas des quelques éoliennes installées dans notre pays et qui contribuent, trop maigrement sans doute, à notre faible production d’énergie verte. Non, par opportunité, je veux parler de la construction de ces éoliennes qui, à elles seules, génèrent des milliers d’emplois au Danemark ou en Allemagne. Ce n’est pourtant pas faute de ressources ou d’entreprises performantes; c’est plus probablement faute de vision de nos dirigeants. Facile de leur jeter la patate chaude ? Démonstration.

 

Que faut-il pour construire une éolienne ? De l’acier pour son pylône ? ArcelorMittal à Liège ou Sidmar à Gand. Un gros transfo électrique ? Pauwels à Malines. Des câbles ? Nexans à Charleroi ou Dour. Des boîtes de vitesses et des engrenages ? CMI à Liège. Une expertise en aérodynamique ? Cenaero à Gosselies. Du télé-suivi pour valider les performances ? Dapesco (dont l’auteur est directeur, NdlR) à Louvain-la-Neuve. Et on pourrait continuer la liste avec toutes les sociétés qui pourraient assurer la maintenance, le génie civil, le transport des éléments. La construction d’éoliennes, c’est un gisement d’emplois extraordinaire et, plus encore, un gisement d’emplois que notre région aurait pu fournir sans devoir assurer de profonde reconversion. Tout est là, sous la main.

 

Quand on voit que la France vient de lancer un marché de plus de dix milliards d’euros pour la construction de quelques parcs éoliens, que des entreprises comme Enercon ou Vestas, constructeurs d’éoliennes, affichent des croissances et rentabilités insolentes en ces temps de crise, on ne peut que s’interroger sur la pertinence des choix évoqués par la Région flamande pour sauver Opel Anvers. 500 millions d’euros pour aider un constructeur de voitures à reprendre le site d’Anvers On sait pourtant tous que le secteur automobile est condamné à évoluer drastiquement. Que les voitures actuelles doivent changer pour répondre aux défis climatiques qui sont déjà là. Que mettre de l’argent sur la table pour faire "la même chose qu’avant", c’est de l’argent perdu.

 

 

Quel meilleur endroit que le port d’Anvers pour implanter une usine de production d’éoliennes de forte capacité ? Avec son accès direct aux docks et ses bâtiments kilométriques, ce site aurait permis, sans lourde modification, de propulser la Flandre - et ses partenaires wallons - à la tête d’une économie éolienne majeure. Les ouvriers présents sur place ont toutes les compétences nécessaires pour, dès demain, pouvoir assembler et exporter ce qui pourrait devenir un fleuron de notre économie. Les outils de production sont là, également pour développer à très court terme le petit éolien, celui que l’on verra fleurir sur les stations-service, les bâtiments administratifs ou le résidentiel.

 

Quel secteur, en effet, affiche de plus forte ambition que le secteur des énergies vertes et particulièrement de la production d’énergie renouvelable ? Le secteur de la construction l’a parfaitement compris. Les entreprises qui ont des carnets de commande pleins pour les 12 mois à venir sont surtout des constructeurs de maisons basse énergie. Fort différents des constructeurs que l’on voyait avant ? Non, ce sont les mêmes, ils ont juste réussi à s’adapter à temps et à heure. C’est la règle même de la survie telle que décrite par Darwin. Ne pas être le plus fort, mais s’adapter le plus vite et le mieux.

 

Nos dirigeants ne l’ont pas compris, et c’est là toute l’erreur. La transformation d’une économie ne passe pas par la mise à disposition de moyens pléthoriques ou la création d’un nouveau "machin" pour stimuler les entrepreneurs. Elle passe avant tout par un engagement et une vision. Par la création d’un cadre propice aux investissements et au développement d’une économie saine et non subventionnée. Il ne faut pas penser qu’un entrepreneur cherche avant tout à recevoir des subsides. Si l’Etat et les Régions pouvaient déjà payer leurs factures à temps et à heure, si les cadres législatifs pouvaient évoluer un peu moins et si, enfin, les structures administratives pouvaient gagner en efficacité, une part importante du chemin serait déjà parcourue.

 

Autant la subvention de panneaux solaires permet à la Chine de doper ses exportations, autant la fabrication d’éoliennes aurait permis de créer de l’emploi local et de profiter de marchés développés par d’autres pays. Bien sûr que le territoire belge est trop densément peuplé pour y installer les milliers d’éoliennes qu’il faudrait pour réduire significativement nos émissions de CO2. Le propos n’est pas là. Le propos est que pour qu’une économie puisse se développer, elle doit se positionner sur des marchés porteurs, créateurs d’emplois, permettant aux ressources existantes d’être utilisées au mieux. Dans les entreprises citées ci-dessus, combien ont dû faire appel au chômage économique ces derniers mois ? Combien de prépensions ont dû être octroyées, alors que Vestas ou Enercon engagent à la pelle. En tant qu’entrepreneur, j’éprouve, vis-à-vis de tous ces gens dont on a sabordé la carrière, un sentiment de culpabilité et de regret de voir le monde politique incapable de favoriser l’émergence d’un cadre qui nous aurait permis de créer tous ces emplois.

 

 

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